lundi 17 mars 2014

Récital de prose poétique




Voici un récital poétique qui raconte une histoire dont la fin et le début s’entremêlent dans la spirale de l’immortalité.

C’est le périple d’un poète qui, pour s’affranchir de la douleur du désir dérisoire, paie cher pour sortir de l’univers vermoulu.


Adolescent, préférant la chimère au réel, il court derrière le vent et en devient un marchand de rêves, accumulant des richesses inestimables.


La nature l’a béni de toutes les richesses de la création quand la société l’a affligé de toutes les misères de la condamnation.


Dans leur malvoyance, les hommes ont voulu faire de sa chance une malchance. Et de son bonheur un malheur.


En proie au drame pécuniaire, pour se nourrir, il trame des vers qui font sourire les cœurs et mûrir les esprits.


Les affres de l’esseulement le conduisent dans les délices de la solitude. Son refus du suivisme en fait un adepte de la splendeur.


Ne voulant pas souffrir les manigances, ni mourir dans la disgrâce, dans l’ermitage il s’enferme.


Le désamour du prochain lui insuffle l’amour du lointain. Il en devient un aventurier sillonnant les mers inconnues.


Ivre de douleur, pour survivre il va vivre son malheur ailleurs, dans l’espoir du bonheur dont les lueurs se font entrapercevoir dans ses rêves.


Héros réduit en paria, il erre dans les méandres de l’Histoire pour retrouver le sens perdu des mots et des choses.


Son filet et son harpon sur les bras, il part à la pêche des mots perdus dans les torrents des dérives sémantiques.


Entrapercevant à travers l’éclat de l’aurore l’aura de l’or ancestral parsemé aux quatre coins de l’univers, il nourrit le désir de le reconquérir.


Pérégrinant de contrée en contrée, il finit par assouvir le rêve qu’il a bercé tant d’années durant.


Revenu au bercail dans ses vieux jours, il meurt dans les bras de l’amour de sa vie qu’il a ramenée de ses aventures rocambolesques.


Lors de son oraison funèbre on orchestra un montage de ses vers dorés qui le firent revivre éternellement dans les cœurs.


Plus vivant mort qu’il ne l’était lors de son vivant, ses œuvres sont les souvenirs qui se sont substitués à sa personne.


De son vivant les sombres cabales avaient éclipsé son éclat. A sa mort, la magie des souvenirs lui a restitué son aura.


Ainsi finit et recommence l’existence du mentor, créateur insoumis au monde des compromis, trouvant reconnaissance et immortalité dans la mort.



Mountaga Fané Kantéka