mardi 23 mars 2010

LES RAVAGES DE L’ARGENT-DIEU AU MALI

À l’instar des individus, les sociétés sont aussi sujettes à la folie. Folie collective ou la somme des folies individuelles, l’important réside dans ce mal palpable qui se manifeste par mille symptômes. S’agissant du MALI, un professionnel de la santé mentale fit ce DIAGNOSTIC sans appel: « Ce pays doit être soumis à une ÉVALUATION PSYCHIATRIQUE ».

On trouverait peu à redire à propos de cet IMPLACABLE CONSTAT. Les mœurs se sont à ce point effritées au Mali que celui qui le revisite, après une longue absence, se croirait dans un autre pays. Et l’exilé qui y revient aura le sentiment de vivre un deuxième exil dans sa terre natale. Parmi les manifestations de ce MAL SOCIAL, l’attrait de l’ARGENT occupe une place privilégiée. Le nouveau venu est très vite frappé par la récurrente référence au billet de banque dans tous les compartiments de la vie sociale. Dans les rapports de famille, d’amitié, de voisinage, de travail ou de simples circonstances, au détour d’une quelconque conversation jaillit fatalement le maître mot : l’argent. « Si tu n’as pas d’argent ici, tu ne peux pas faire ceci, si tu n’as pas d’argent ici, tu ne peux dire cela, sinon on te fera ceci, sinon on te dira cela, etc. », est devenu un refrain auquel n’échappe nulle oreille, aussi sourde soit-elle.

« NOTHING FOR NOTHING ! RIEN POUR RIEN ! » est aujourd’hui une réalité beaucoup plus malienne qu’américaine. Le problème est aussi présent chez les pauvres que chez les riches. On a parfois l’impression que les plus nantis sont aussi les plus atteints par le virus. Cette ÉPIDÉMIE à l’échelle nationale a comme corollaire la FAUSSETÉ qui entache les faits et gestes du Malien actuel…

UNE « NOBLESSE » EN TOTALE MUTATION

VALEUR RÉFÉRENTIELLE par excellence, l’aura de l’argent a totalement occulté tous les mythes de grandeur sur lesquels est bâtie cette société. Les légendaires « DIGNITÉ ET FIERTÉ MALIENNES » ne sont plus aujourd’hui qu’une vague réminiscence perdue dans quelque zone brumeuse de la mémoire collective. Les notions de « HONTE » et d’« HONNEUR » elles-mêmes ne s’apprécient plus que par rapport à l’argent. Ce n’est plus le fait de VOLER ou d’ESCROQUER qui sont causes de honte ou d’atteinte à l’honneur au Mali d’aujourd’hui. C’est plutôt le fait d’être privé d’argent qui est cause de honte et de manque d’honneur au Mali d’aujourd’hui. Quand on dit que « L’ARGENT N’A PAS D’ODEUR », c’est une réalité encore plus vérifiable que jamais au Mali d’aujourd’hui.

L’artificielle et artificieuse stratification sociale en « NOBLES » et « GENS DE CASTE »— ne reposant sur AUCUNE RÉALITÉ HISTORIQUE ou SOCIOLOGIQUE— s’est piteusement effondrée face à cette nouvelle donne. Le PRÉTENDU « NOBLE » est bien plus VÉNAL aujourd’hui que le GRIOT DE CÉRÉMONIE qui, au fond, ne fait que pratiquer son métier, comme le fait une certaine catégorie de journalistes. (Cette question est plus amplement abordée dans mes ouvrages.)

UNE NOUVELLE RELIGION

Bien plus que le naturel reflexe du nécessiteux ou le pathologique vice du déviant, ce VIRULENT ACCЀS DE MERCANTILISME a quelque chose de profondément RELIGIEUX. Il fait penser à la vénération du VEAU D’OR par le peuple hébreu qu’évoque la MYTHOLOGIE BIBLIQUE. Sans exagérer, la MONNAIE D'ÉCHANGE, au Mali, fait véritablement office de DIVINITÉ dans les cœurs et dans les esprits. En dépit des sermons prodigués quotidiennement sur les ondes par les prêcheurs de la bonne parole ! Et de l’aveu même de certains de ces hommes de culte — qui, eux-mêmes ne sont pas épargnés par le mal —, bien de PRIЀRES cesseraient au Mali si elles n’étaient motivées par des PRÉOCCUPATIONS PÉCUNIAIRES.

Le CULTE DU BAKCHICH, au Mali, est le seul culte qui n’a besoin ni de sermons ni de prosélytisme pour engranger des fidèles. À brève échéance, prophétisent certains, il va falloir MONNAYER les SALUTATIONS D’USAGE, c'est-à-dire payer le citoyen malien pour qu’il réponde à ton « BONJOUR ! ». De plus fins observateurs vont jusqu’à faire la remarque qu’autrefois le PREMIER MOT que l’ENFANT malien prononçait était : « MAH ! MЀRE ! », et qu’aujourd’hui ce vocable sacré est remplacé par : « WARI ! L’ARGENT ! »…

Le mal, à vrai dire, n’est pas nouveau ! Il a simplement empiré en l’espace d’un TROP COURT LAPS DE TEMPS. Nouvelles réalités, nouvelles mœurs, le Malien, en plus de ses travers, est devenu aujourd’hui un CONSOMMATEUR PRIVILÉGIÉ du surplus du CAPITALISME SAUVAGE. Abonnés compulsifs des TÉLÉSÉRIES AMÉRICAINES, les Maliens, toutes catégories confondues, utilisent plus le TÉLÉPHONE CELLULAIRE que les Canadiens. Et quand on s’amuse à comparer les pouvoirs d’achats respectifs (du Canada et du Mali), on évalue toute l’ampleur de la démesure. Les RECETTES journalières des compagnies privées commercialisant au Mali les cartes de crédit téléphoniques(’’MALITEL’’ et ’’ORANGE’’ ) dépassent largement le budget national…
On pourrait épiloguer longtemps sur les causes exactes d’une telle déchéance. Toujours est-il que, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les politiciens maliens en ont fait leur ELDORADO ÉLECTORAL, comme nous le verrons dans le second volet…

À suivre

MF KANTÉKA

Vous pouvez me joindre au mountaga40@hotmail.com pour me transmettre vos commentaires et vos suggestions.

mardi 9 mars 2010

QUI POURRA APPORTER LE CHANGEMENT AU MALI?

Quatre mois que je suis de retour au pays, j’en ai assez vu et assez entendu pour pouvoir dire, sans risquer de me tromper, que la réalité est bien plus accablante que les rumeurs diffuses qui nous parvenaient outre-Atlantique…
Elle est bien plus accablante que ce soleil de mars qui brûle le corps et la cervelle, et cette chaleur de géhenne qui étouffe l’âme, tuant toute velléité de réflexion ainsi que cette poussière rouge et cette fumée noire obstruant les voies respiratoires. Il s’agit bel et bien d’une BELLE BACCHANALE défiant tout entendement !

Parlant de Bamako, sa population a presque doublé en moins de dix ans, une DÉMOGRAPHIE GALOPANTE venant exacerber les problèmes déjà existants. Et l’une des constances de cette cité est que CHACUN Y VOIT MIDI À SA PORTE. Un EGOÏSME et un INDIVIDUALISME féroces dépassant de loin la caricature qu’on a l’habitude de faire du comportement de l’Occidental. Prenez comme exemple le comportement des Bamakois dans la CIRCULATION ROUTIЀRE, et vous touchez du doigt cette NÉVROSE COLLECTIVE. Cet article ne pourra pas contenir la liste de tous les domaines où se manifeste cette DÉVIANCE …

Vient s’ajouter à cet incivisme urbain le fait que le pays demeure encore un immense « NO MAN’S LAND où CHACUN VIENT VIDER SES ENTRAILLES » dans l’impunité la plus totale. Les ressortissants étrangers (occidentaux, asiatiques, africains) se comptant parmi des ESCROCS DE TOUS ACABITS (dealers, proxénètes, touristes sexuels, kidnappeurs d’enfants, bandits de grands chemins, miniers sans scrupules, coopérants véreux, contrefacteurs, etc.) y sont à l’aise comme le POISSON DANS UN AQUARIUM. Ceci pour dire que depuis belle lurette l’ÉTAT n’est qu’une ILLUSION dans ce pays. L’État y est inexistant comme la mer dans le désert…

LA CULTURE DU LAXISME, DE L’ENRICHISSEMENT ILLICITE ET DE L’AUTOCRATIE

Dans les faits, l’État a disparu au Mali depuis le règne du GÉNÉRAL MOUSSA TRAORÉ, pour céder la place à une sorte de société où chacun est libre de faire ce qu’il veut, pourvu que son forfait n’entrave pas le pouvoir en place. Tant que les faits et gestes du Malien ne visent pas le Général, ils sont corrects. « FAITES CE QUE BON VOUS SEMBLE, MAIS NE TOUCHEZ PAS À MON POUVOIR ! » était le mot d’ordre tacite.
Le fonctionnaire malien, habitué alors à de longs mois de TRAVAIL SANS SALAIRE, n’avait d’autre alternative que de taxer les citoyens pour le moindre service administratif ou de se servir dans les caisses publiques. Le VOL et la CORRUPTION furent ainsi légalisés. C’est depuis cette époque que s’est insinué dans la conscience collective malienne l’adage : « RES PUBLICA, RES VILIS. CHOSE PUBLIQUE, CHOSE VILE. » Le MÉPRIS DE LA CHOSE PUBLIQUE et l’érection du SYSTЀME D dans son sens le plus vil. POLICIERS, MAGISTRATS, GENDARMES, DOUANIERS, ENSEIGNANTS, etc., sont devenus alors des LOUPS pour leurs congénères qu’ils sont censés protéger ou encadrer. La MORT DE LA RÉPUBLIQUE était ainsi consacrée. La mort de la République et le TRIOMPHE DE LA VILE AUTOCRATIE.

Et depuis, malgré les règnes successifs, rien n’a changé dans ce pays. Du général MOUSSA TRAORÉ au général AMADOU TOUMANI TOURÉ, le Mali est passé des mains d’un autocrate à un autre. D’un AUTOCRATE MILITAIRE à un autre, on a connu un intermède de dix ans avec l’AUTOCRATE CIVIL ALPHA OUMAR KONARÉ dont le règne, parsemé de discours aussi enflammés que trompeurs, soutenu par une REDOUTABLE MACHINE À INTRIGUES — le sinistre parti politique ADEMA —, a fait douter plus d’un de la pertinence d’un gouvernement civil. Et ce verbeux autocrate a tôt fait de redonner le pouvoir au problématique et énigmatique Général Amadou Toumani Touré, à la suite d’un MARCHÉ CLANDESTIN initié et avalisé par la France.

BLANC BONNET… OU JUS VERT

Du Général Moussa Traoré au Général Amadou Toumani Touré, en passant par le Professeur Alpha Oumar Konaré, c’est le MÊME RÉGIME qui continue, de façon aussi cynique qu’impitoyable. En dépit du NOUVEAU LABEL DÉMOCRATIQUE ! Amadou Toumani Touré et Alpha Oumar Konaré ne sont autres que des hommes du Général Moussa Traoré. Ils sont tous deux des FILS DE MOUSSA, ayant le MÊME ESPRIT et le MÊME SANG qui coule dans les veines. Le premier faisait partie de sa garde présidentielle et le second a été plusieurs années ministre dans ses gouvernements successifs. Sans Moussa, ni l’un, ni l’autre n’aurait existé politiquement. Ils l’ont trahi, non par « conviction démocratique » ni par « patriotisme », mais tout simplement par OPPORTUNISME POLITIQUE : « Pousse-toi, je prends ta place. »
MOUSSA, ALPHA OUMAR ou AMADOU TOUMANI, c’est BONNET BLANC, BLANC BONNET. Ou JUS VERT, VERT JUS. Tous pétris dans la MÊME BOUE. Tous ayant été à la même école. TOUS, ils ont TRAHI les promesses qu’ils ont faites en s’emparant du pouvoir de FAÇON ILLÉGITIME (que ce soit par COUP D’ÉTAT ou par ÉLECTIONS TRUQUÉES). TOUS, ils ont ALIÉNÉ leur pays, d’une quelconque manière. TOUS, ils ont FAIT FI de l’ÉDUCATION CIVIQUE DE LA JEUNESSE MALIENNE, voyant en cela une menace pour leur pouvoir. TOUS, ils ont fait du pouvoir un INSTRUMENT DE PROMOTION PERSONNELLE.
Et AUCUN D’EUX n’a fait de la LUTTE CONTRE LA CORRUPTION sa préoccupation, en dehors des discours creux et fallacieux. Soucieux plutôt de se faire un pactole le plus rapidement, ils ont laissé faire, parce que LA CORRUPTION LEUR PROFITE. Un bémol cependant : MOUSSA TRAORÉ fut certes l’initiateur de cet état d’esprit, par machiavélisme. Cependant, il ne s’est point enrichi sur le dos des Maliens. On s’en est rendu compte lors du procès « Crimes économiques » intenté contre lui. Peu porté sur les richesses matérielles et affublé d’un nationalisme aussi factice que stérile, il trouvait plus de jouissance dans l’humiliation des chefs de famille et la béate autosatisfaction d’être le seul et unique macho du pays…

Fermons ce volet sur la PARENTÉ POLITIQUE des trois protagonistes en rappelant que ce n’est sans doute pas un hasard si le Général déchu, Moussa Traoré, malgré tous les crimes et le sang qu’il a sur la conscience, se la coule douce aujourd’hui dans une retraite paisible, faisant profession de marabout. On dit même que tous les ans, le Général Amadou Toumani Touré lui apporte dans sa retraite dorée le mouton pour la Tabaski… Il ne lui reste plus qu’à passer la main à son gendre CHEICK MODIBO DIARRA (l’astronaute de la NASA) qui s’est « subitement » découvert des ambitions politiques. Et nous nous retrouverons avec un TROISIЀME FILS DE MOUSSA TRAORÉ AU POUVOIR. Avec à la clé PLUS D’UN DEMI-SIЀCLE DE « RЀGNE MOUSSA ». Le Mali n’aura alors plus rien à envier au Gabon des Bongo…

LE TEMPS DE LA RUPTURE

De 1968 à 2010, cela fait 42 ANS que le Mali traîne sur une mer houleuse en véritable NAVIRE FANTÔME, exposé aux pillages des pirates du monde entier et de ses propres matelots. QUARANTE DEUX ANS DE NAUFRAGE, 42 ANS SANS ÉTAT, 42 ANS DE RЀGNE DU MÊME CLAN POLITIQUE, c’est ASSEZ !

La RÉVOLUTION DE MARS 1991 est restée LETTRE MORTE. Les NOUVEAUX DÉMOCRATES qui n’ont pas su profiter du règne d’Alpha Oumar Konaré se sont tous rattrapés avec celui d’Amadou Toumani Touré, faisant bon ménage avec leur ennemi de naguère, l’ADEMA, se partageant allègrement le GRAND GÂTEAU PUBLIC, avec les NÉO-COLONS. Si bien que l’on assiste à un RЀGNE SANS OPPOSITION (hormis peut-être le SADI de monsieur OUMAR MARIKO). Avec la MENACE d’assister à la MÊME TRAGI-COMÉDIE en 2012…
J’en reviens à ma question initiale: QUI POURRA APPORTER LE CHANGEMENT AU MALI ? Une question aux multiples tranchants qui ÉGORGERA plus d’un prétendant à la succession d’Amadou Toumani Touré. Une question aux multiples rebondissements qui trouvera réponses dans une série de DOSSIERS plus ou moins EXPLOSIFS qui seront publiés sur ce blog. Et MALHEUR à l’OGRE qui se fera ÉPINGLER…
(À suivre)
NB : vous pouvez me joindre au mountaga40@hotmail.com pour me transmettre vos commentaires et vos suggestions.

MF KANTÉKA