lundi 16 mars 2009

LUMIÈRE SUR LA NÉBULEUSE DU RACISME QUÉBÉCOIS (1ère partie)

© Copyright 2008 - 2009, Mountaga Fané Kantéka

NB: apportant une pause salvatrice à ma laborieuse exploration des grottes et des cavernes du labyrinthe maçonnique, la semaine de lutte contre le racisme vient à point nommé pour moi en m’offrant l’opportunité de publier ce texte tant attendu et tant redouté qui dormait dans le tiroir depuis plusieurs mois déjà... Un texte assez récalcitrant que j’avais même envisagé d’aborder sous un angle humoristique pour le débarrasser de ses toxines de tragédie, afin d’éviter aux bonnes âmes de se détourner définitivement de l’Humanité... Un sujet fort brûlant qui m’a demandé beaucoup de concessions – jusqu’à l’autocensure – par peur de me voir encore embarquer dans une autre croisade littéraire, tant ce phénomène – le racisme – déjà évoqué dans mon livre « Odyssées noires / Amours et mémoire d’Outre-monde », revêt des formes originales dans une fragile société québécoise, multiethnique et en pleine construction, où l’Homme blanc, paumé et confiné dans un contexte historico-géographique spécifique, s’empêtre dans d’acrobatiques exercices identitaires – aussi périlleux que chuter du haut du Mont Royal, la tête la première…
Il ne s’agira donc ici que d’un bref survol lumineux, la part du lion étant réservée à mes « Mémoires d’exilé », destinés à être publiés une fois exaucée ma vive prière de rejoindre – indemne et indemnisé pour les atteintes à mes droits d’auteur – le bercail dans l’espoir d’y accomplir mon destin et d’y égrener les jours qui me restent à expier sur cette terre…
Malgré les entailles intempestives perpétrées sur ce texte, j’ai dû encore me résoudre à le scinder en deux blocs (destinés à être affichés séparément à une semaine d’intervalle) afin que personne ne prenne prétexte de sa longueur pour l’éviter…

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Dans son essai sur ’’LE RACISME’’, après avoir précisé que le concept de « race » est un terme d’élevage qui ne fut appliqué à l’homme qu’à partir du XVIIe siècle, ALBERT MEMMI, célèbre pour son ’’ Portrait du colonisé’’, n’a pas manqué d’ajouter :
« D’abord, la quasi-totalité des groupes humains actuels sont le produit de métissages, de sorte qu’il est pratiquement impossible de caractériser des « races pures ». Il est déjà très difficile de classer les groupes humains selon des critères biologiques toujours imprécis. Enfin, la constante évolution de l’espèce humaine et le caractère toujours provisoire des groupes humains rendent illusoire toute définition de la race fondée sur des données ethniques stables. »

Après de telles révélations, on pourrait croire qu’aucun homme avisé ne se hasarderait plus à prendre la tête de ses semblables avec de délétères questions de « race ». Ce serait se méprendre sur l’espèce humaine — bien en deçà de l’animal quant aux questions essentielles — et sa congénitale tendance à la mystification, parce que depuis que le monde est monde, les sociétés humaines se sont organisées autour de mensonges, érigés en vérités dogmatiques, servant tantôt de mode de fonctionnement de la société en question, tantôt de réflexes d’autodéfense face à des dangers souvent réels, mais la plupart du temps imaginaires et relevant de l’univers nébuleux et insaisissable des phobies. Et cela fut toujours un malheur pour le téméraire prompt à éventer ces mystifications. Phénomène universel et intemporel, le racisme fait partie de ces mensonges collectifs dont la dénonciation ne se fait pas toujours dans l’impunité…
C’est une musique macabre qui revient et reviendra toujours. Toujours et toujours. Sans cesse. Sans aucune possibilité d’y échapper. On y est mêlé d’une manière ou d’une autre. Que ce soit par vocation ou par … réaction. À moins de s’exiler sur une autre planète… Revêtant des formes différentes selon le contexte socio-écomico-politique du lieu qui l’a engendrée, la névrose raciste est aussi permanente que taboue. Et c’est souvent dans les sociétés où ce fléau est le plus vivace que tout un système de dénégation est mis en place pour étouffer les tentatives de dénonciation émanant des victimes. Un SYSTÈME DE DÉNÉGATION, accompagné de son lot de mesures d’intimidation et de répression, qui n’est pas sans rappeler le « SYSTEME CLOS » communiste évoqué dans la dernière enquête à propos de la névrose maçonnique. Autant le mot « complot » est tabou pour les maçons, autant le mot « racisme » l’est pour les racistes…

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Si tout le monde est plus ou moins sujet à de sporadiques dérives racistes, personne ne veut être taxé de raciste. Pas même les racistes invétérés. C’est pourquoi dans des sociétés foncièrement racistes, on érige tout un marché de dupes où des voix médiatiques, plus ou moins autorisées, s’élèvent pour nier l’indéniable, n’étant pas elles-mêmes victimes des comportements incriminés — parce que faisant partie des groupes en position de force d’où émanent justement les actes racistes dirigés contre des groupes plus fragiles et moins organisés…
N’empêche que certains pays, compte tenu de leur maturité politique et/ou historique, arrivent à assumer ce phénomène voire à en faire une ARME POLITIQUE. Il en est ainsi de la FRANCE où le racisme est assumé dans les discours politiques (de JEAN-MARIE LE PEN à NICOLAS SARKOZY, en passant par JACQUES CHIRAC) et s’inscrit dans un réflexe électoraliste — dans un pays en proie à la saturation et à la décomposition —, pour le politicard démagogue en manque d’idéals et de solutions politiques et économiques contre l’émergence de nouveaux problèmes…
Au QUÉBEC, seul le politicien MARIO DUMONT s’était aventuré à se faire un évanescent capital politique — à court terme — sur le dos des immigrants et de l’ondoyant concept d’« accommodements raisonnables », sur la base d’incidents isolés imputables essentiellement aux Juifs hassidiques mais lâchement et hypocritement détournés sur la tête de tous les immigrants non-européens — surtout des musulmans, véritables têtes de turcs … Cette aventure « dumontesque » (sanctionnée à moyen terme par la déconfiture et le retrait définitif de Dumont de la vie politique) est au Québec le seul vrai cas de « bravoure » politique qui, malgré tout, n’a jamais voulu s’appeler « racisme » ou même « xénophobie ». On s’est contenté de l’euphémisme « démagogie », parce que dans ce coin de terre, jamais mot ne fut plus tabou que « racisme ». Et le plus impénitent raciste, pour exorciser le démon qui l’habite, trouve même l’astuce de jeter la pierre « raciste » à ses propres victimes. Croyant ainsi se cacher de Dieu et des hommes…
Dans ce « pays », en particulier la métropole montréalaise, où tout respire encore le neuf et l’air frais et où tout reste encore à bâtir, où l’on a encore un besoin pressant de masses d ‘immigrants pour faire des boulots que les Blancs dédaignent, le racisme revêt des formes rampantes à l’image de la problématique identitaire du groupe « dominant » francophone — les « Nègres blancs d’Amérique » —, à peine sorti des lustres de domination anglophone et courant derrière une hypothétique souveraineté qu’il semble à la fois réclamer et rejeter de tous ses vœux…
Dans ce contexte de PERTE IDENTITAIRE d’un « pays-chantier » — ayant le choix entre le meilleur ou le pire —, la première imposture servant d’argument au racisme rampant comme le reptile maçonnique (refusant de s’assumer sauf sous le couvert de l’anonymat du sondage), c’est la notion d’« IMMIGRANT » à laquelle on s’escrime à donner une connotation ethnique, comme si l’« immigrant » n’est jamais le Blanc, jamais la personne qui ressemble, par la couleur de la peau ou la proximité des mœurs ou de la religion, aux éléments du groupe francophone blanc détenant les organes de décisions, au nom d’un problématique « NOUS » se réclamant d’une HYPOTHETIQUE ASCENDANCE FRANÇAISE (même si l’on y rencontre notamment des patronymes sonnant plus italien que français, sans compter les multiples métissages occultés avec les éléments amérindiens)… L’immigrant étant nécessairement une « personne de couleur » ou un ressortissant d’un pays du « Tiers-monde » (Africain, Arabe, Asiatique, Caribéen, Sud-Américain, etc.), même si ce ressortissant « tiers-mondiste » est plus ancien au pays que l’immigrant européen. Même s’il y est né. Même si ses parents y ont contribué autant ou plus que ceux du ressortissant européen à la peau pâle...
Et cette triste mascarade raciale se passe dans un PAYS D’IMMIGRATION, nouveau pays où BLANCS, NOIRS, BASANÉS ou JAUNES sont tous des immigrants, venus s’installer progressivement sur des terres où les premiers occupants à la PEAU ROUGE — les AUTOCHTONES — sont aujourd’hui parqués dans des réserves et exposés à des problèmes d’autodestruction bien planifiés... Il en découle une forme de racisme loufoque axé essentiellement sur l’esprit de POSSESSION, ne se bornant pas à des propos méprisants sur d’autres groupes, mais reposant sur le sentiment d’appartenance à un groupe épidermiquement distinct devant être PRIVILÉGIÉ sur les autres au nom d’un MONTAGE ARTIFICIEL (renouant avec le mythe éculé de la « blancheur immaculée ») accrédité par quelques faces de « métèques » pour « diversifier » le tableau...
Un RACISME ALIMENTAIRE et PLÉBÉIEN à la manière des BOYAUX AFFAMÉS cherchant à tout prix à préserver le PAIN QUOTIDIEN et mordant voracement dans l’OS de l’argument ethnique pour se constituer un GRENIER en prévision des innombrables jours de froid polaire : environ 6 mois d’HIVER qui, aussi vorace que l’esprit du lieu, dévore par moments les parcimonieux jours de printemps, d’été et d’automne… Inspiré par le cruel sentiment de sa propre MÉDIOCRITÉ quant à ses valeurs intrinsèques, ce « RACISME FOURBE » et sécrété par les viscères torturés — un RACISME DE PETIT BLANC peinant à parler et à écrire la LANGUE FRANÇAISE qui lui sert de PRÉTEXTE IDENTITAIRE — touche pratiquement toutes les sphères de la vie quotidienne, s’abritant comme toujours derrière des TRANSFUGES des groupes minoritaires servant d’alibis aux MASSACRES ETHNIQUES….

QUELQUES ILLUSTRATIONS D’UN CRIME INSTITUTIONNALISÉ

C’est à ce stade qu’il faut se retenir — et s’astreindre à l’infamante loi de l’autocensure — pour ne pas donner une odeur de règlement de comptes à ce sujet très délicat et ne pas succomber à une hémorragie d’énumérations de noms qui risquerait de transformer ce survol panoramique en de torrentielles mises en cause personnelles pouvant entraîner son lot de suicides dans un pays où la fragilité psychologique, l’oppression morale ou la maladie mentale poussent en moyenne 3 personnes par jour à s’arracher la vie, comme on s’arracherait une épine du pied … Je n’irais donc pas plus loin que les incidents consignés dans les archives…
Du tollé causé au Québec par la nomination de madame MICHAELLE JEAN au poste de Gouverneure Générale du Canada au récent sketch macabre de l’humoriste québécois JEAN-FRANÇOIS MERCIER sur BARACK OBAMA (traité de « Nègre à la Maison Blanche » et de « Noir sur blanc, c’est plus facile à tirer ») à RADIO-CANADA, le racisme québécois est fortement teinté d’une NÉGROPHOBIE digne de l’époque révolue des sudistes américains.
Sournoise, lâche et crasse, cette déprimante négrophobie a été dévoilée sous ses aspects les plus minables par le brave journaliste québécois STÉPHANE ALARIE (allant jusqu’à se peindre en Noir pour aller constater les faits dans sa propre chair) dans une enquête surnaturelle parue en octobre 2003 dans le JOURNAL DE MONTRÉAL et intitulée 7 JOURS DANS LA PEAU D'UN NOIR. Une enquête déclenchée à la suite du refus d’un bar d’une banlieue de Montréal de servir le Malien SEYDOU DIALLO et son ami, parce qu’ils avaient la peau noire. Et le journaliste Alarie — ce très estimable monsieur —, scandalisé au plus profond de lui-même (parce qu’ayant vérifié l’incident dans son déguisement de Noir), ne put s’empêcher d’introduire son article avec ces mots assassins: « ALABAMA, MISSISSIPPI....1953? NON, LONGUEUIL... SEPTEMBRE 2003! AUSSI HALLUCINANT QUE CELA PUISSE PARAÎTRE DE NOS JOURS, ON A CARRÉMENT REFUSÉ DE ME SERVIR À BOIRE DANS UN BAR PARCE QUE J'AVAIS LA PEAU FONCÉE. »

Et le propriétaire dudit bar, démasqué et ramené à son état de monstre à face humaine, se contenta, pour tout argument, de ces propos tout aussi hallucinants : « CE N’EST PAS RACIAL! C’EST COMMERCIAL! » (sic)… Inutile d’insister sur tous les sous-entendus et implications sociaux de tels arguments justificatifs… Et quoi d’étonnant que ce brave journaliste, Alarie, ait reçu dans sa boîte vocable une tonne de messages (émanant de ses congénères québécois mécontents de son enquête) aux trois quarts assaisonnés d'insultes et de menaces, un imbécile allant jusqu'à lui demander, pour s’être déguisé en Noir, « DU BORD DE QUELLE RACE ES-TU? » (sic)...
Ce grand déballage médiatique n’a pourtant pas empêché le scandale causé 2 ans plus tard par le « docteur » MAILLOUX se prononçant sur le « quotient intellectuel déficient des Noirs » (à l’inititative du TÉNÉBREUX animateur québécois GUY A LEPAGE sur RADIO-CANADA dans son émission de grande écoute ‘’Tout le monde en parle’’) et les chroniques douteuses du versatile et hystérique RICHARD MARTINEAU (publiées régulièrement dans le même JOURNAL DE MONTRÉAL), dépourvues de tous fondements factuels.
Ajoutons à cela les chroniques aigres-douces et souvent moyen-âgeuses de LYSIANE GAGNON de LA PRESSE, sans compte certains articles de la très zélée MICHÈLE OUIMET, du même journal, poussant la démesure jusqu’à faire de l’IMPORT / EXPORT via deux continents, en allant carrément photographier une cérémonie d’excision pratiquée sur une fillette malienne pour venir l’exposer, au mépris de la loi sur la protection de l’image des mineurs, au CANNIBALISME VOYEURISTE du lectorat québécois, histoire de vomir un peu plus sur ces « Nègres barbares et cruels d’Afrique » dont on ne dédaigne pas pourtant les richesses naturelles. Et ce lectorat, mystifié, ignore certainement que l’ÉPOUX de madame OUIMET a été COOPÉRANT au MALI… CONFLIT D’INTÉRÊTS, caché sous le fallacieux argument de « lutte contre l’excision », ou pas, cela mérite un sérieux questionnement, parce que bien d’autres atrocités sont commises ici même au Québec — et tous les jours. Par ceux-là mêmes qui s’érigent en moralisateurs ou civilisateurs du monde. À commencer par le journal (LA PRESSE) qui emploie madame Ouimet…
Le Québec est une eau dormante, une mare recelant en son sein un racisme revêtant parfois une VIOLENCE MORALE qui ne peut se comprendre que par l’hypocrisie et l’IMPUNITÉ qui entourent l’AGRESSION RACIALE au Québec…

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Le fléau racial au Québéc va du CONTINGENTEMENT de certains boulots (la presse, les postes d’administration et de direction, la médecine, etc.) destinés majoritairement à ceux désignés sous le pedigree de « Québécois pure laine » (même si certains d’entre eux ne sont en fait que des immigrants blancs), sous le couvert d’un CORPORATISME DOUTEUX qui n’est qu’une ÉPIDERMISATION DU TRAVAIL, au CANTONNEMENT des groupes ostracisés dans des GHETTOS situés dans des lieux précis (Côte-des-Neiges, Côte Vertu, Salaberry, Montréal Nord, etc.) et assignés, malgré leurs innombrables et enviables expertises, à des BOULOTS PRÉCIS (taximans, employés de manufactures, préposés aux bénéficiaires agents de télémarketing, services à la clientèle, etc.).
Ce racisme rampant et esclavagiste est assez ingénieux pour ce qui est d’exploiter à outrance les groupes ciblés et réduits à des sous-emplois pour lesquels bon nombre d’entre eux n’ont aucune vocation. Ce GASPILLAGE de MATIÈRES GRISES et d’EXPERTISES, sans compter les dégâts physiques et moraux occasionnés à ses victimes, est en soi un CRIME contre une société en proie au vieillissement, au manque de soins médicaux, à l’analphabétisme des adultes, etc, et dont le niveau de langue, de culture et d’ouverture sur le monde demande très certainement à être relevé…
D’un CYNISME inqualifiable, cette mise à l’écart systématique — qu’on appelle en bon jargon québécois « TASSER » — s’accompagne de MEURTRES perpétrés sur les membres de ces groupes par une POLICE fonctionnant cent pour cent sur le PROFILAGE RACIAL, destiné à PIGMENTER LE CRIME, n’épargnant ni les MINEURS de moins de 10 ans, ni les ADOS, ni les ADULTES. Et ce, dans l’IMPUNITÉ la plus totale. Pour ne pas dire dans la « LÉGALITÉ ». Comme l’a si bien vu, sur les ondes de Radio-Canada, le chanteur québécois DAN BIGRAS — connu pour sa noblesse d’âme, son intégrité morale et son altruisme —, il est fort à parier que ce crime racial viendrait des « DIRECTIVES DE LA VILLE DE MONTRÉAL qu’on ignore »…

Ainsi fut récemment criblé de balles le jeune sud-américain FREDY VILLANUEVA, avec d’autres amis haïtiens, pour avoir eu le malheur de s’asseoir avec leurs « faciès de métèques » dans un parc de Montréal Nord pour y jouer aux dés. Jouer aux dés dans un parc avec une peau non sanctifiée dans l’eau bénite de la « blancheur pure laine », voilà leur seul crime. Avant Fredy Villanueva (que j’ai accompagné jusque dans sa tombe, sous un soleil de plomb, et devant les yeux remplis de larmes d’une jeune québécoise honteuse de sa « race ») et ses jeunes amis haïtiens (dont la vie fut miraculeusement épargnée), c’est un autre Haïtien adulte, QUILEM REGISTRE, qui succomba sous au moins 6 décharges du pistolet électrique Taser… Et avant lui, ce fut un Marocain, sortant de la mosquée, et mitraillé dans des conditions demeurées encore obscures… Il y en a eu bien d’autres, non médiatisés… Y a-t-il quelque chose de pire pour un homme digne de ce nom — venu en exil dans l’espoir de lendemains meilleurs — que de se faire buter comme un mal-né par un flic mal luné ou commandité?
Depuis un peu plus de 8 ans que je vis à Montréal, jamais nulle part (Mali, France, Allemagne) qu’ici, je n’ai été témoin d’autant de barbaries émanant des policiers.

Rien que dans mon quartier, j’ai vu, de mes propres yeux, des policiers venir menotter un jeune haïtien et l’offrir à la caméra du photographe du ’’Journal de Montréal’’, sous prétexte qu’il avait une arme qu’il n’avait pas (j’ai eu mon mot à dire à l’occasion). J’y ai vu aussi un jeune Haïtien de 8 ans se faire poursuivre et rattraper par une voiture de police dans le parc en face de chez moi sur dénonciation d’un adulte blanc irrité de le voir jouer avec ses enfants (et cette fois aussi, je n’ai pas pu m’empêcher de descendre de mon balcon en short pour venir m’interposer devant d’innombrables témoins)... La force brutale et animale semble être la seule vertu enseignée aux policiers d’ici. Et cela n’épargne pas même… les femmes policières…
Depuis plus de 8 ans que je vis à Montréal, je ne me souviens pas d’une année où l’on n’y a pas annoncé le meurtre d’un immigrant sous les balles ou les matraques de la police québécoise. SACRIFICES HUMAINS ou pas, c’est un drame qui dénote d’une certaine FOLIE… Des meurtres BANALISÉS ensuite par des discours politiques, comme celui du MAIRE DE MONTRÉAL GÉRARD TREMBLAY qui, devant le cadavre encore chaud du jeune VILLANUEVA, et l’ire des exclus sociaux, s’inquiétait plutôt du sort de ses troupes, s’exprimant dans ces propos ô combien mémorables et caractéristiques de l’état d’esprit québécois: « Je ne tolérerai pas qu’on s’attaque à mes policiers et à mes pompiers » (sic)…
Ces mêmes propos irresponsables se rencontrent dans les médias tendant à donner le mauvais rôle aux victimes, dans un élan de ce que MEMMI appelle la « NOYADE DANS LE COLLECTIF » du genre: « Oui, mais, ce sont des criminels dangereux… Ce sont des gens violents…» (comme si la criminalité, la violence ou toute forme de tare sociale avait une couleur ou une appartenance ethnique) ou « Ils ne s’adaptent pas… » (s’adapter à quoi?), ou d’autres ALLUSIONS CALOMNIEUSES visant à STIGMATISER le groupe où est issue la victime...

Et si ce n’était encore que ces meurtres physiques! Et que dire de ces meurtres moraux, intellectuels et culturels qui évoquent avec ô combien de pertinence « LA SOCIÉTÉ DU CRIME » de ce ô combien perspicace et prophétique CHRISTIAN CARLE?
Nous nous reverrons la semaine prochaine pour discuter de ces autres vérités brûlantes…

(À suivre)

MOUNTAGA FANÉ KANTÉKA
JURISTE, ÉCRIVAIN-POÈTE ET JOURNALISTE D’INVESTIGATION