vendredi 10 octobre 2008

À QUI PROFITE LA CONTREFAÇON?

© Copyright 2008, Mountaga Fané Kantéka

Les questions les plus simples sont souvent les plus complexes, et aussi les plus dangereuses, parce que tenter d’y répondre renvoie à une multitude d’autres questionnements débouchant sur des réalités déroutantes…
« À qui profite la contrefaçon? » fait partie de ces questions aux conséquences incalculables.

Pour l’illustrer, amusons-nous à ce petit exercice :

Pourquoi autant de difficultés à accéder à la Justice pour une « simple » question de vol d’œuvre? Pourquoi en voulant étouffer les plaintes en contrefaçon les juges eux-mêmes deviennent des contrefacteurs des textes de loi? Pourquoi les avocats eux-mêmes s’empressent de duper leurs clients en versant à leur tour dans la contrefaçon ou le dol? Pourquoi des avocats refusent ces affaires pourtant lucratives? Pourquoi les autorités de police judiciaire elles-mêmes abdiquent en essayant de transformer une affaire de contrefaçons en bande organisée et association de malfaiteurs en affaire purement civile? Pourquoi un agent de police judiciaire est-il bloqué par son supérieur hiérarchique pour une « simple » affaire de contrefaçon littéraire et artistique? Pourquoi cet agent de police judiciaire se compromet en affirmant que son pays n’est pas compétent pour enquêter sur des produits de contrefaçon écoulés sur son territoire, au motif qu’ils n’ont pas été produits dans son pays? Est-ce parce que la drogue n’est pas produite dans un pays que ce pays ne peut pas enquêter sur l’écoulement de cette drogue sur son territoire? Pourquoi un juge très haut placé va jusqu’à confier au plaignant que cette affaire de contrefaçons est « trop grosse » pour lui? Trop grosse par rapport à quoi?
Pourquoi des hommes politiques se sentent dans le besoin de faire du TRAFIC D’INFLUENCE pour voler à la rescousse des contrefacteurs? Pourquoi un homme politique briguant un poste présidentiel (NICOLAS SARKOZY) sent le besoin, dans un discours de campagne électorale, de faire la promotion d’un « écrivain » accusé publiquement de contrefaçons? Pourquoi ce même « écrivain » accusé publiquement de contrefaçons est appelé et félicité devant le parlement de son pays natal par son propre chef d’État (DENIS SASSOU NGUESSO)? Pourquoi ce contrefacteur en question entre et sort librement du Canada sans se faire interroger pour une plainte déposée contre lui pour récidive de contrefaçons? Pourquoi est-il invité à toutes les tribunes, sachant bien en quoi consiste son « travail »? Pourquoi, même les journaux à scandales évitent soigneusement cette question? Pourquoi les contrefacteurs, au lieu de répliquer directement aux accusations qui sont portées contre eux, procèdent par des communications par médias interposés? Pourquoi gardent-ils le silence face aux « atteintes à leur honneur » faites par le plaignant?
Pourquoi un « célèbre » écrivain-chroniqueur littéraire dénoncé par le plaignant (pour sa prise de position en faveur du contrefacteur) « démissionne » brusquement du journal qui l’emploie? Pourquoi ce même journal refuse de parler de l’affaire de contrefaçon en question? Pourquoi les autres journaux de la place en font autant?
Pourquoi le récent récipiendaire du PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE, JEAN-MARIE GUSTAVE LE CLÉZIO a-t-il donné sa voix décisive à Mabanckou dans l’obtention du PRIX RENAUDOT pour l’œuvre contrefaisante ’’MÉMOIRES DE PORC-ÉPIC’’?
Par quel miracle tout ce beau monde de la littérature, le gratin du QUARTIER LATIN, semble à la fois au courant et pas au courant de ces affaires de contrefaçons? Pourquoi la sacro-sainte liberté d’expression se trouve subitement contrariée par le « tabou » de la contrefaçon? Pourquoi l’ardeur des « grandes gueules » de la presse (les journalistes d’opinion et les animateurs) se trouve subitement refroidie face à cette question d’actualité? Pourquoi ce BLACK-OUT MÉDIATIQUE? Qui a peur de la publicité autour de cette affaire? Pourquoi fait-on tout pour étouffer l’œuvre originale, ayant donné lieu à une multitude de contrefaçons? Pourquoi ce sont au contraire les contrefaçons qu’on met en vitrine? Pourquoi le moteur de recherche ’’GOOGLE’’ lui-même camoufle des articles d’enquête sur l’industrie de la contrefaçon?
Qui achètent les DROITS DE DISTRIBUTION OU DE DIFFUSION DES ŒUVRES CONTREFAISANTES? Pourquoi rencontre-t-on les mêmes réactions à la fois en FRANCE au CANADA et aux ÉTATS-UNIS? Y a-t-il une CONCERTATION entre ces pays? Les journalistes reçoivent-ils des DIRECTIVES? De qui?
Pourquoi est-ce le plaignant qui fait l’objet de HARCÈLEMENTS continuels sous des formes les plus sournoises?

On pourrait continuer ainsi à soulever un nombre kilométrique de questions pertinentes relatives au problème, chaque réponse entraînant des chutes en cascade… Les affaires de contrefaçons littéraires et artistiques, contre toute attente, revêtent des enjeux qui peuvent aller bien au delà du COMMERCE INTERNATIONAL DES DROGUES DURES, le TRAFIC D’ARMES ou D’ORGANES HUMAINS (notamment de jeunes enfants), le DÉTOURNEMENT DE L’AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT, les ÉLECTIONS TRUQUÉES, etc. Derrière les grands discours politiques (relayés par les médias traditionnels) se cachent souvent d’horribles réalités inconnues dans des pays à qui on veut donner des leçons de démocratie. Le MONSTRE est bien plus souvent dans les décors aseptisés que dans les jungles tropicales. Le PETIT POURCENTAGE DE PERSONNES qui détiennent la grande majorité des richesses terrestres (aux dépens des populations laborieuses) opèrent toujours dans le MÊME CERCLE et avec les mêmes méthodes. LES LOIS, LES HOMMES DE LOI ET LES INSTITUTIONS SONT LÀ POUR LES SERVIR…

On n'est donc jamais assez à l’abri quand on s’attaque à cette question. Le résultat est souvent le MEURTRE du plaignant (souvent déguisé en suicide, en accident ou en maladie imaginaire). Mais c’est un combat auquel on ne peut renoncer, parce que y renoncer serait s’exposer à un double meurtres, la contrefaçon étant en soi un meurtre. C’est le combat d’une vie qu’on ne peut uniquement considérer comme le sien, mais celui de tous les créateurs. Et malheur aux artistes (les vrais) qui croient qu’ils sont à l’abri de ce fléau. Leur tour viendra tôt ou tard… 

Madame HÉLÈNE MAUREL-INDART mérite un GRAND BRAVO et un sincère encouragement pour son très courageux ouvrage (’’PLAGIATS, LES COULISSES DE L’ÉCRITURE’’) qui lève le voile sur les pratiques éditoriales en France. Et avec quel brio! Elle fait honneur à sa profession de femme de Lettres et à sa qualité d’esprit libre. Si tous ces farceurs qui se déclarent volontiers « intellectuels », « défenseurs de droits », « critiques », « rebelles », « progressistes », « analystes », « enquêteurs », etc, avaient le dixième de son cran, le problème serait à moitié réglé.
À quoi cela sert-il de murmurer des rumeurs dans son coin en jetant l’anathème sur ceux qui vont au charbon? Tout ce que vous ne pouvez pas dire sur la place publique, gardez-le dans vos entrailles de dyspepsiques avec le risque d’en mourir d’un cancer de l’estomac. Même le silence a son prix…
Comment peut-on passer son temps à prôner la démocratie avec la main droite, et sévir avec la plus féroce tyrannie avec la main gauche? Que valent les CHARTES DE DROITS ET LIBERTÉS si tout le monde ne peut s’en prévaloir?

MOUNTAGA FANÉ KANTÉKA
Juriste, écrivain-poète et journaliste d’Investigation
’’ODYSSÉES NOIRES / AMOURS ET MÉMOIRE D’OUTRE-MONDE / LA MAIN DE SOUMAHORO ET LA MORT D’UN MYTHE’’